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Un troupeau pour parler et être entendu



Il était une fois un jeune garçon qui n’arrivait pas à bien s’exprimer.


Depuis qu’il était tout petit, les mots refusaient de sortir de sa bouche. Ce n’était évidemment pas pratique du tout ! Il essayait de toutes ses forces d’utiliser les mots, comme sa famille et ses copains de classe. Mais malheureusement, quand les mots sortaient, ils étaient tout en désordre. Cela le déprimait, car malgré tous ses efforts, les autres ne le comprenaient pas. De plus, il devenait de plus en plus stressé, car il redoutait de recommencer.


Souvent il faisait le choix de se taire et il restait dans son coin, en imaginant plein d’histoires. Ces histoires, il arrivait en revanche très bien à les dessiner… Dans ces histoires, il était un grand magicien, il réalisait des potions magiques et faisait de merveilleux tours de magie !


Il avait beaucoup de chance car il avait une famille très aimante, persuadée qu’il arriverait un jour à très bien s’exprimer, mais qu’il fallait juste trouver un moyen de l’aider à « décoincer » les mots.


Ses parents ont cherché plusieurs prises en charge qui pouvaient aider leur fils. Ces diverses recherches et soins lui permettaient d’avancer pas à pas, ou plutôt mot à mot.


Un jour, ils entendirent parler de thérapie avec des chevaux… Ils étaient un peu sceptiques mais aussi intrigués : en quoi des chevaux pourraient aider leur fils à mieux s’exprimer ? Mais comme ils étaient prêts à tout tenter, ils trouvèrent un lieu où essayer.


En premier, le garçon participa à un camp de vacances avec des chevaux et d’autres jeunes. Il découvrit durant cette semaine-là le monde fascinant des chevaux, la vie d’un troupeau et il devina qu’il avait plusieurs choses à apprendre et à comprendre de cet univers !


Il y retourna donc régulièrement avec joie. C’était un jeune homme très respectueux et gentil. Il apprit donc facilement à soigner le cheval, à le brosser avant de pouvoir monter dessus. Il comprit vite que tant qu’il était à côté du cheval, il avait intérêt à être bien concentré parce que le cheval avait souvent envie de faire des pauses ou de s’arrêter pour manger… Cela le faisait rire !


Il posait beaucoup de questions à la thérapeute, traductrice du monde des chevaux :


- Pourquoi tous les chevaux veulent tout le temps brouter ?

- C’est comme ça dans une vie de cheval… Chaque cheval doit manger environ 15 heures par jour.

-Qu’est-ce qu’il fait un pied mal posé ?

-Il se repose. Tu sais les chevaux peuvent dormir debout, pendant de courtes siestes, mais ils doivent se coucher pour rêver…

-Du coup tu les as déjà vu rêver ?

-Oui, certains sont de gros dormeurs, on peut souvent les voir couchés et d’autres, c’est plus rare… ils le font quand ils sont tranquilles. Il y a toujours un animal du troupeau qui veille quand les autres dorment.


Etre cheval lui semblait un monde étonnant, mais tellement rigolo !


Il en oubliait carrément sa timidité pour parler.


Puis il a eu envie d’arriver à être lui-même entendu par les chevaux : avec empathie pour leur gourmandise équine, il leur demandait de ne pas brouter par exemple : les différents chevaux du troupeau l’ont rapidement respecté.


Il aimait aussi monter. Une fois en selle sur sa monture, il pouvait alors se laisser porter et se détendre. Dans cet état de relaxation, il a commencé à raconter des histoires à la jument qu’il montait. Dans cet environnement, les mots sortaient rapidement et fluidement. Mais au début, cela ressemblait malheureusement à une salade de mots. Mais devinez quoi ? La jument s’en fichait complètement… Les chevaux ne comprennent pas le sens des mots, mais par contre ils entendent et comprennent à la perfection la musique dans nos phrases. Ils ressentent l’intention, les émotions et voient clairement à l’intérieur de chaque humain.




La jument entendait donc tout l’enthousiasme et la joie dans ce discours perçu comme malhabile par la thérapeute… Cette dernière laissait donc le jeune homme raconter ses histoires à la jument et ensuite elle posait des questions au garçon, afin de pouvoir mettre du sens pour elle sur cette « salade de mots ».


Lui avait en redescendant l’envie de tout raconter : l’amitié, le lien, la liberté, la joie pure ! Il apprit ainsi aussi à mettre les mots dans l’ordre pour que ses parents comprennent ce qu’il vivait à cheval.

C’est ainsi que petit à petit, ce jeune homme arriva à raconter ses histoires aux autres humains, en organisant les mots de telle manière que les Hommes comprennent (c’était tout de même plus simple avec les chevaux, mais c’est difficile de ne vivre que dans le monde des chevaux) !


Puis il commença à aimer observer le troupeau pendant de longs moments. Il posait plein de questions :


- Pourquoi est-ce que c’est toujours le même qui mange en premier ?

-Parce que c’est le dominant et il peut donc choisir sa place pour manger.

-Pourquoi la vieille ânesse reste au milieu de la cabane, même si cela bouche le chemin à tout le monde et que cela fait embouteillage ?

-Parce que c’est la plus ancienne et tout le monde la respecte. Personne n’arrive d’ailleurs à la faire bouger si elle ne veut pas.

- Pourquoi une ponette vit seule dans une cabane ?

-Elle n’a jamais vécu en groupe et du coup elle a toujours peur que les autres piquent sa nourriture. Elle devient alors agressive et nous avons vu que tout le monde est bien plus content et tranquille si elle a un espace à elle.

-pourquoi les deux mâles se battent régulièrement ?

-Ils doivent à chaque fois vérifier qui est l’amoureux préféré de la jument, ils se chamaillent beaucoup là autour. Mais ils ne se font généralement pas de blessures.

-Pourquoi la petite ponette vient se mettre au milieu alors qu’elle se fait à chaque fois chasser ?

-Elle aime venir montrer qu’elle est à sa place partout et qu’elle aussi peut aller où elle veut. L’autre jument est un peu jalouse alors elle vient la chasser pour montrer que c’est elle la première dame du troupeau…Les mâles ne s’en mêlent pas.


Il comprit ainsi que chaque animal était unique, que chacun avait son histoire de vie, des copains et parfois des rivaux aussi.


Chaque animal pouvait avoir des choses aussi qu’il n’aimait pas du tout, comme le vent dans les oreilles ou certaines sortes de pain, ou encore avoir un mors dans la bouche ! Il apprit à respecter cela chez chaque animal et à en tenir compte.


Il apprit comment les chevaux montrent leurs émotions aux autres, avec leur langage corporel, on ne peut plus clair !

Il adorait les décoder :

-Là, la ponette est fâchée, lui il est attentif, elle là-bas, elle se repose,…


C’était la première fois qu’il comprenait aussi bien les relations sociales ! La thérapeute fit des liens avec des situations qu’il pouvait vivre lui aussi avec d’autres jeunes, des copains sympas ou avec des enquiquineurs.


Et un jour il eut un déclic « mais finalement c’est comme à la récré ! ». Et depuis ce jour, il est aussi devenu un fin observateur de ses amis et des gens en général, qu’il arrive à comprendre grâce à un troupeau d’équidés qui furent de très bons professeurs !!!


Le troupeau et la jument qui écoutait tellement bien ont donné un élan à ce jeune homme, afin qu’il ose s’exprimer, puis ils lui ont montré que chevaux et Humains ont des relations sociales relativement similaires, ce qui lui a permis, au travers de toutes ses expériences, de mieux trouver sa place dans le monde des Humains.

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