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Georgette la poule



Je suis Georgette, une petite poule brune, née dans une couveuse industrielle.


Je n’ai que peu de souvenirs de mes copains de couveuse, qui étaient très nombreux et bruyants. Je me rappelle que c’était un peu le combat pour avoir à manger, nous étions serrés et je sentais qu’il me manquait quelque chose, mais j’avais du mal à savoir quoi…Nous étions une multitude de bébés, comme sortis de nulle part.


Une fois que nous sommes sortis de la couveuse, j’ai vécu mon premier transport dans un hangar où j’ai grandi avec mes copines. Entre-temps les poussins mâles avaient tous disparus.


Un jour, un certain nombre d’entre nous a été transporté encore une fois jusqu’à une ferme où nous avons été mises dans le hangar des poussines. J’ai arrêté de chercher à comprendre, j’ai grandi et nous avons toutes commencé à pondre des œufs… L’humain qui nous nourrissait les prenait. Il semblait satisfait de cela, nous ne comprenions pas vraiment à quoi tout cela servait. De temps en temps, il venait nous voir et il attrapait un certain nombre d’entre nous avec un objet bizarre, qui nous enserrait une patte, puis il nous levait et nous mettait dans les cages ou des cartons.


Quand il arrivait avec cet objet nous courrions toutes dans tous les sens. Un jour ce fût mon tour, je me suis retrouvée dans un carton avec cinq autres poules. La dame qui est venue nous chercher disait que ça allait aller, que le voyage ne serait pas long, que nous serions bien dans notre nouveau poulailler.


Je me suis mise en boule au fond du carton et j’ai attendu. Le carton a bougé, il a vibré, il a été transporté, puis nous avons attendu longtemps dans l’obscurité. On nous a ensuite perchées sur des morceaux de bois alors qu’il faisait nuit noire, alors à ce moment je me suis endormie, épuisée.


Le lendemain j’ai découvert mon nouveau lieu de vie : une caravane qui était déjà habitée par un certain nombre de poules plus âgées que moi. J’ai alors rapidement découvert que les poules établissent une hiérarchie et que, comme jeune nouvelle, j’étais tout en bas et que j’avais tout intérêt à faire profil bas devant les anciennes… Mais j’ai aussi découvert que le coq, lui, était tout content de nous voir arriver. Après quelques coups de becs et quelques plumes arrachées, chacun a trouvé ou retrouvé sa place et j’ai pu alors pleinement profiter de ce lieu de vie ouvert, en pleine nature, avec plein d’autres animaux alentours.


Mes voisines directes étaient deux chèvres qui essayaient chaque jour de s’introduire dans notre parc, ce qui faisait hurler les humains… je n’ai jamais compris pourquoi, mais bon, les humains n’étaient pas toujours très lisibles pour moi. Plus loin il y avait deux poneys qui avaient parfois le droit de venir chez les chèvres (là non plus je ne comprenais pas vraiment pourquoi…) mais ces poneys ne s’intéressaient pas du tout à nous et j’avoue que je n’étais pas non plus très attentive à ce qu’ils faisaient. Il y avait un chat par contre qui vivait souvent dans notre caravane, il était assez rigolo mais les anciennes ne l’aimaient pas beaucoup car elles avaient le souvenir que jeune il les embêtait.


Il y avait aussi les humains, qui allaient et venaient… ils prenaient nos œufs, en nous remerciant. Mais comme je ne savais pas vraiment quoi en faire, cela ne me dérangeait pas. Une fois, l’une d’entre nous, Carla, une petite poule frisée a eu l’idée de cacher ses œufs et elle s’est couchée dessus. Les humains disaient qu’elle couvait, que c’était une drôle d’idée de le faire dehors dans les orties, etc…

Carla s’est obstinée un moment puis elle est revenue dormir dans la caravane. Je n’ai pas compris ce qu’elle essayait de faire mais apparemment c’était important pour elle et chaque année, ça la reprenait.


Le petit coq, Karl, lui m’aimait bien. J’ai donc eu trois ou quatre longues années d’une vie de poule rêvée, durant lesquelles j’ai régulièrement pondu. Les humains me remerciaient pour ces cadeaux offerts contre le gîte et le couvert. J’avais une jolie place dans la hiérarchie grâce à Karl même si je sentais bien que les vieilles poules ne m’aimaient pas trop…


Une année, nous n’avons pas pu sortir de la caravane tout l’hiver. Les humains parlaient de « grippe aviaire », ils entraient tout déguisés et faisaient bien attention que personne ne sorte. Bon comme je n’aime pas particulièrement le froid ou la neige, cela ne m’a pas trop dérangée et au printemps, il nous a toutes fallu un moment pour nous rappeler le bonheur que c’est d’aller au soleil se réchauffer dans la terre.


Puis les années passant, j’ai senti que je m’affaiblissais. J’ai vu quelques anciennes mourir. Les humains les ont alors prises et les ont emmenées avec amour et un grand respect. Je me suis dit que je serais d’accord de partir ainsi.


Une période je me suis vraiment sentie mal, je me suis mise dans une caisse à pondre, remplie de paille et je me préparais à m’endormir pour traverser quand certaines de mes vieilles ennemies m’ont attaquée, en me piquant la tête.


Les humains m’ont découverte le lendemain, en piteux état. Ils m’ont sorti de la caravane, m’ont mis en sécurité vers eux et chaque personne qui passait me donnait plein d’amour… Alors que j’étais prête à quitter cette vie, je me suis dit que dans ces conditions, auprès des humains, une nouvelle vie s’ouvrait peut-être à moi.


Grâce aux caresses, aux attentions, aux gentils mots je me suis remise sur pattes, j’ai retrouvé de la vigueur et beaucoup de joie. Mais surtout, j’avais pris une décision : je voulais maintenant découvrir le monde des hommes après avoir vécu quatre ou cinq ans ma vie de poule pondeuse (bon je ne pondais plus beaucoup à la fin, c’est vrai…). Les hommes m’ont alors baptisée Georgette (cela a donné lieu à pas mal de discussions entre eux). Personnellement j’étais fière d’être prénommée et ne trouvais rien à redire à ce nom.


Je me suis mise à les observer attentivement et de près cette fois. Ils étaient tous différents et certains étaient vraiment rigolos. Il y avait ceux qui avaient peur de moi. Ceux qui m’ont appréciée d’emblée…Tous étaient bienveillants et prêts à m’accueillir parmi eux. Quelle chance j’ai eu.


Je pouvais aller presque partout dans leur partie de l’atelier, comme ils appelaient ce lieu. Je recevais des offrandes sous forme de croûtes de fromage, de restes de repas ou de miettes de pain. J’adorais cela et je les remerciais en faisant des petits bruits, ce qui les faisait rire.


Quand j’essayais de rentrer dans leurs caravanes à eux ils me disaient « non Georgette pas la cuisine… ».


Alors je ressortais et je les attendais dehors. Je bronzais au soleil, je cherchais des insectes et je me reposais, puis le soir un humain me prenait et me portait dans une cage pour la nuit. J’aimais bien les caresses des humains et être portée ne me dérangeait pas. J’adorais cette nouvelle vie avec les humains. J’allais parfois me mettre contre le grillage des autres poules mais clairement ma vie était de l’autre côté avec les hommes. Une fois ils ont essayé de me remettre avec les autres et elles m’ont directement attaquée. Pas de retour possible.


Tout le monde m’avait adoptée, faisait attention à moi, me parlait et moi je leur montrais qu’une poule c’est intéressé, malin et pas méchant pour un sou… J’ai pu rayonner, ouvrir les consciences de toutes les personnes qui étaient présentes et toutes celles qui touchaient de près ou de loin ce lieu magique, comme vous qui lisez ces lignes.


J’ai vécu encore deux ans environ auprès des humains, montrant que l’amour et la bienveillance pouvaient guérir même les vieilles poules pondeuses en fin de vie. J’ai eu deux ans d’une vie rêvée dans un monde partagé avec les humains.


Puis le dernier hiver j’ai commencé à souffrir du froid. Les humains m’ont alors autorisée à dormir dedans, dans ma cage de nuit. Mon corps montrait vraiment des signes de fatigue, tout me coutait… alors quand je n’ai plus pu me lever, que je ne mangeais plus, les humains ont appelé le vétérinaire et je me suis endormie doucement sous leurs caresses et grâce à l’injection d’un produit.


Je me suis alors envolée, le cœur rempli de gratitude pour cette vie de poule incroyable que j’ai eu. J’ai savouré chaque seconde de ma vie, j’ai donné mes œufs avec joie car ils étaient appréciés, j’ai aimé avoir une vraie vie de poules, dans un jardin avec un compagnon Karl, qui veillait sur nous.


Et je sais que ma deuxième vie a été encore plus incroyable quand j’ai eu la chance d’être recueillie par les humains. Des Humains qui ont vu ma lumière et qui ont pris soin de moi comme d’une des leurs, qui m’ont fait une place chez eux, qui ont honoré la vie en prenant soin d’une vieille poule brune qui ne pondait plus. Ils m’ont nommée et ils ont veillé sur moi. De mon coté j’ai ouvert leurs cœurs à la magie des poules et à la magie du vivant.


Je suis Georgette et mon message est que les poules sont des animaux intelligents et sensibles. La vie peut être tellement merveilleuse quand humains et animaux arrivent à partager leur monde en reconnaissant la beauté et la valeur de chacun, quel que soit son âge, son aspect extérieur ou son utilité…


Je suis pleine de gratitude pour la vie extraordinaire que j’ai eu qui montre que chacun peut créer un monde plus juste, à chaque instant.


Message reçu par Mélanie, qui a gardé Georgette un été, quand elle s'est connectée à elle :


Regarde dans ton cœur et ressens tes battements qui résonnent à l'unisson avec l'Univers, la nature et le règne animal. Respire la beauté de la vie. Aime et respecte tout ce qui t'entoure. Moi, Georgette, j'ai un amour inconditionnel pour chaque être et je te transmets tout cet amour. La vie est belle !
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